C'est pendant ma deuxième année de terminale que maman a découvert Jésus-Christ. Son esprit était emprisonné dans une vieille bouteille de Manischevitz que maman avait récupérée dans la benne à ordures derrière le supermarché. Maman a apporté la bouteille à l'intérieur et l'a posée sur la télé. Puis elle nous a tous rassemblés, puis elle nous a expliqué comment Jésus vivait dans la bouteille et comment, si elle le voulait, elle pouvait l'appeler à ses ordres. Ma sœur a dit que cela lui rappelait une vieille émission de télé, et maman l'a giflée et traitée d'hérétique. Je n'ai rien dit, car je me souviens encore de la fois devant le Leclerc, où il a fallu quatre agents de sécurité pour retenir maman.

Très vite, des gens du monde entier ont commencé à venir chez nous pour voir la bouteille. Au début, je pensais que cela me rendrait plus populaire à l'école. Mais ça a eu l'effet inverse. Les enfants s'arrêtaient et me montraient du doigt dans le couloir en disant : « Voilà le garçon dont la mère garde notre sauveur enfermé dans cette minuscule bouteille. » Et tout le monde a commencé à m'appeler « le garçon à la bouteille ». Et ça m'a vraiment blessé. C'est aussi à cette époque que maman a commencé à attirer des adeptes vraiment bizarres. Comme ce type qui n'utilisait jamais de déodorant et ne parlait que par énigmes. Et cette femme qui collectionnait les maillots de bain amish faits main du XIXe siècle.